Chronologie de l'histoire de la Mésopotamie
4500-3700 av.JC Début du développement
urbain dans les régions sumériennes (basse Mésopotamie). C'est la
période Ubaïde qui marque pour la première fois une certaine unité
culturelle dans toute la Mésopotamie (même si il existe des différences
notables entre le nord et le sud) caractérisée par un regroupement en
villages ou petites villes faites de maisons en briques crues bien construites,
par une céramique plutôt plus grossière que celle de certaines époques
plus anciennes, mais plus rependue et plus pratique, apparitions de anses,
décorations plus pauvres... La plupart des grandes cités sumériennes
comme Ur, Nippur ou Uruk
(cf. carte), ont pour
origine des villes de cette époque dont l'organisation économique
et administrative semble se faire autour des temples, édifices les plus
grands et construits avec le plus de soins et dont la forme architecturale
et les décorations, comme les longs saillants verticaux extérieurs
captant la lumière, sont déjà caractéristiques des temples sumériens.
D'un point de vue anthropologique, la haute Mésopotamie est moins
ubaïdienne, la pierre, moins rare que dans le sud, est plus utilisée,
le sceaux cachet est d'usage plus fréquent. L'élevage et l'agriculture
sont bien maîtrisés, mais l'irrigation ( dés 4000) par petits canaux
est surtout propre au sud plus fertile, céréales et peaux s'échangent
ainsi contre pierre et bois entre le nord et le sud. L'influence Ubaïde
s'étend jusqu' à la cote syrienne où l'on retrouve largement leurs poteries
typiques, tout indique un commerce florissant dans toute la région
qui va même jusque dans la vallée de l’Indus.
3700-2900 B.C. La période d'Uruk suit la précédente dans
la continuité, il n'y a aucune fracture ou événement majeur qui les
sépare, c'est une époque d'urbanisation qui voit naître une civilisation
grâce à une très forte croissance démographique, une immigration importante
vers la basse Mésopotamie et une sédentarisation, grâce à de nombreux
progrès techniques comme l'invention de l'araire ou du chariot à quatre
roues pour transporter le grain et grâce à une organisation collective
de plus en plus élaborée permettant de grands travaux comme la creusée
de larges canaux d'irrigation. De très grandes villes, sans doute peuplées
de 10 000 à 50 000 habitants, comme Ur
ou Lagash se constituent et
Uruk en est la première est la
plus vaste représentante ; véritable agglomération entourée d'une
grande muraille de 10 km, les taches des habitants y sont divisées, des
élites se forment et tout indique que Uruk est le centre économique, culturel et politique
de toute la Mésopotamie. De plus cette période voit apparaître l'age
de bronze marquant le début de l'ère industrielle, et aussi et surtout
pour la première fois dans le monde, l'écriture dite cunéiforme, vers
3300. D’abord simple aide mémoire pour le commerce et la comptabilité,
elle devient en moins d’un siècle un véritable système de transcription
de la parole.
2900-2500 B.C. Période des dynasties
archaïques marquées par l'avènement des cités états sumériennes
(base Mésopotamie) dont les plus importantes sont Ur,
Uruk,
Umma,
Nippur ville sacrée, Lagash,
Isin,
Girsu,
Eridu la plus ancienne cité
pour les sumériens et aussi des cités sémites (haute Mésopotamie)
comme Kish, Mari ou Ebla (cf. carte); l'urbanisation est alors à son apogée.
Toutes ces villes s'organisent politiquement et administrativement
autour du temple d'un dieu plus particulièrement vénéré par la cité,
mais aussi souvent autour d'un palais siège d'un pouvoir royal ou princier
plus ou moins lié au pouvoir spirituel et religieux. Tous les dieux sumériens
sont membre d'un même panthéon, ils sont souvent assimilés aux dieux
sémites et tous s'inscrivent plus ou moins dans une même mythologie.
Des rois ou des rois-prêtres gouvernent ces cités-états, il n'y a pas
de forcément de distinction entre le pouvoir politique et religieux, surtout
dans les ville sumériennes, le roi gouverne au nom du dieu local, il a
été choisi par lui et agit pour le servire et faire prospérer sa ville,
mais à Kish par exemple qui a une
culture plus propre sumérienne sémite mixte, un pouvoir administratif royale
indépendant du pouvoir religieux semble se mettre en place de manière
assez précoce et serait précurseur de l'organisation impériale d'Akkad. Durant cette période les traces
écrites de la langue sumérienne restent rares aucun écrit officiel
n'apparaît avant 2700 et sont très peu nombreux jusqu'en 2500, seules
des tablettes administratives d'époque d'intérêt limité et des textes
postérieurs légendés témoignent laissant de grandes zones d'ombres,
cependant l'écriture cunéiforme contribue au développement et à l'influence
de la culture sumérienne jusqu'en Anatolie et en Syrie ; par exemple
des cités comme Mari ou Ebla (Syrie orientale), ou l'on
parle le sémitique oriental, langue différente du sumérien parlé en
basse Mésopotamie, se développent et le cunéiforme y apparaît vers
2600 pour transcrire le sémitique. Les sémites surtout présents dans
le nord sont très peu différents des sumériens et très liés à eux, leur
culture, leur mode de vie, leurs dieux sont quasiment les mêmes que ceux
des sumériens avec lesquels ils se mélangent sans aucun problème, seul
leur langue est différente. Mari
et Ebla sont des cités
états sémites indépendantes comme les villes sumériennes, même si celles-ci
sont liées entre elles par la même culture et notamment le culte du
dieu Enlil dont la ville sainte est Nippur. Apparemment Mari domine un temps Ebla qui lui paye tribut vers 2500, à cette époque
Ebla n’est certainement qu’une
ville moyenne parmi d’autres, vraisemblablement plusieurs conflits
les opposent avec aussi des phases d'entente manifeste. Jusqu'en 2400
tous ces royaumes, sumériens ou sémites connaissent une phase d'exaltation
pendant laquelle les personnages royaux cherchent l'amplification de
leur personne, les conflits territoriaux sont très fréquents, entre
2800 et 2600 le pays de Sumer semble d'abord être dominé par le royaume
de Kish riche d'une double culture
sumérienne et sémite et peut-être plus organsé politiquement, puis
la ville d'Uruk dominerait Kish, contrôlant les voies commerciales
entre les pays d'Akkad et
de Sumer et semblerait s'imposer sur le pays devenant un centre religieux
pour tout le pays Sumer, mais cette préhéminence est probablement éphémère.
Les cités sont en perpétuel conflit. A partir de 2600 l'écriture cunéiforme
qui ne servait qu'à traduire le sumérien apparaît à Mari pour transcrire le sémitique orientale
ce qui marque pour le pays d'Akkad peuplé de sémites, le début de sa domination.
C’est à cette époque que se développe la civilisation de l’Elam, dans
l’Ouest de l’Iran ; comme les sumériens on ne peut rattacher les Elamites
à un groupe ethnique, ils ne sont n’y des sémitiques ni des indo-européen,
ils semblent appartenir aux lieux où ils ont toujours habité (la basse Mésopotamie
pour les sumériens, les régions des montagnes du Zagros pour les élamites),
ils ont leur culture originale et leur langue propre. Les élamites développent
de manière assez précoce leur propre système archaïque d’écriture, mais
au contact des sumériens ils adoptent vite le cunéiforme pour retranscrire
leur langue. Avec Anshan et Awan, l’une des capitales de l’Elam est Suse qui apparaît dans les textes
à partir de 2600, au IVe millénaire son développement est en tout
point identique à celui d'Uruk, mais au cours du IIIe millénaire elle
devient un centre de culture élamite enrichie de culture sumérienne.
2500-2316 B.C. Les camps se radicalisent
un peu entre Akkadiennes et Sumériens malgré de persistantes
rivalités entre de grandes villes sumériennes, notamment Lagash et Umma. Lagal-Zaggizi, roi de Lagash finit par unifier le pays
Sumer, son règne dura 25 ans, mais il sera vaincu par Sargon…
Les XXVème et XXIVème siècles sont aussi une période d'apogée culturel
et économique pour la cité état de Mari à la culture mixte sémitique et sumérienne.
Ebla connaît aussi une époque
de grande influence entre le XXIVème et XXIIIème siècle et domine
nombre de villes du couloir Syrien, notamment Alashiya et surtout
Mari dont le gouverneur, à
partir de 2300 environ, est nommé à Ebla, la ville devient également culturellement
très prolifique, sa zone d’influence direct couvre toute la Syrie,
on parle de civilisation éblaïte avec une langue et une culture
sémitique propres. Les archives du palais royal d’Ebla de cette époque ont été retrouvées,
soit 20000 tablettes d’argile qui renseignent essentiellement cette
période faste pour la ville de 2400 à 2250.
2316-2190 B.C. Ebla est donc une cité de très grande importance
après ses victoires contre Mari
et contre Sargon roi d'Akkad qu'elle tiendra un temps en échec.
Mais la cité finira par se soumettre, cédant à la grande ascension
des Akkadiens, dont les conquêtes, au milieu du XXIIIème siècle,
vont d’abord jusqu’à Mari puis
Ebla finalement prise et pillée
entre 2250-2230 par le petit-fils et successeur de Sargon, Naram-Sin
(2254-2218) ; toute la Mésopotamie de Suse en Elam jusqu’au Levant
se trouve alors soumise à Akkad.
En installant dans les villes conquises ses garnisons, son administration,
son clergé, Sargon fonde alors le premier véritable empire (cf. carte);
l'akkadien, langue sémitique, en devient la langue officielle, Akkad est alors la ville la plus
riche et la plus prospère de Mésopotamie en même temps que la plaque
tournante d'un commerce international . Les successeurs de Sargon maintiennent
cet empire pendant plus d'un siècle.
2190-2111 B.C. L'empire akkadien s'effondre
(2160) sous les pressions des peuples montagnards du Zagros (les
Guti). Les villes sumériennes s'émancipent alors et connaissent
une certaine renaissance, même si la culture et la langue sumériennes
ont toujours été présentes dans l'empire d'Akkad et l'ont beaucoup
influencé. De même les villes Mari et Ebla
récupèrent leur indépendance, même si elles ont perdu leur
importance. C’est vers cette époque également qu’une dynastie
Guti, adoptant la tradition sumérienne, s’installe à Lagash et dont le roi Gudéa (2120)
redonne à la ville, par ses grandes réformes et ses conquêtes
notamment sur Larsa, une
importance et un renouveau remarquable.
2111-2003 B.C. La Troisième dynastie
d'Ur reconstitue un empire presque
aussi vaste et prospère que celui d'Akkad (cf. carte), dont la langue officielle est le sumérien,
même si l’akkadien reste incontournable. Mais, un siècle plus tard,
en 2003 cet empire s'effondre à son tour sous les pressions de
son puissant voisin de l’Est l’empire d’Elam dont la capitale est
Suse (Iran) et sous les assauts
amorrites, populations sémitiques nomades originaires de Syrie qui
vont à partir de cette époque se répandre et s’installer dans toute
la Mésopotamie. Ebla, soumise
à ce moment à la domination d'Ur,
redevient alors vers 2000, la capitale d'un relativement puissant
royaume amoritte qui durera jusqu'au XVIIIème siècle, mais au domaine
restreint ; quant à Mari sous
l’empire d’Ur, elle avait conservé plus ou moins son importance et
son indépendance grâce à des gouverneurs locaux.
2003-1793 B.C. La Mésopotamie est
de nouveau morcelée en petits états dont beaucoup de rois sont Amorrites
- la royauté à Mari passe
à des amorrites à partir de la fin du XIXème siècle - bien
que ceux-ci, sans être véritablement sédentarisés, aient leur
propre culture, leurs langues n'ont jamais été écrites, ils adoptent
alors la tradition suméro-akkadienne et les dialectes amorrites
disparaissent vite. Sous les amorrites Mari retrouve une assez grande prospérité,
même si dans la région les villes d’Alep et Qatna
sont maintenant plus importantes (cf. carte). Les archives
royales du grand palais de Mari
(bâtiment du début du IIème millénaire de 2,5 hectares et de 300
pièces édifié sur les ruines du palais du IIIème millénaire) qui
ont été mises à jours, éclairent surtout cette période de 1810 à 1760
avec presque 20 000 tablettes. C'est au début de cette époque que
commence véritablement à émerger la ville de Babylone, qui n'était
avant qu'une ville secondaire, elle est la capitale d'un petit
royaume dés la fin du XIX e siècle, un amorrite en devient roi après
la chute d'Ur, la langue locale
devient le babylonien variante de l'akkadien. Les 5 premiers rois
de cette 1ère dynastie babylonienne doivent lutter contre les royaumes
voisins, leurs conquêtes sont au début modestes.
1793-1595 B.C. C'est à partir de 1793
que Babylone, très prospère,
remporte la partie, date à laquelle son grand roi Hammourabi
monte sur le trone. Ses prédécesseurs avaient déjà intégré Kish au royaume et d'autres petits
états voisins, donnant à Babylone une véritable importance. Par une
politique diplomatique et militaire intelligente Hammurabi finira
par écraser ses puissants concurrents, il reconnaît d'abord la souveraineté
de son très dangereux et puissant voisin l’empereur d’Elam qui
s’est emparé d'Eshnunna, une
des villes rivales au nord de Balylone essentielle pour le contrôle des voies
du Tibre, le temps de former en 1763 une coalition avec Mari qui triomphe de l’Elam et
lui reprend Eshnanna. Le soutien
de Mari permet à Hammurabi de vaincre et d'annexer le grand royaume de
Larsa qui controlait tout le
coeur du pays sumérien. Babylone
devient dès lors très puissante, elle prend Assour, se retourne contre son
ancien alliée Mari saccagée et
étend son influence sur toute la Mésopotamie, jusqu'à Ebla détruite (cf. carte);
c'est le dernier coup fatal pour ces deux villes qui ne retrouveront
plus jamais leur importance passée. S’ouvre alors une période de
grande prospérité et de grand rayonnement pour Babylone. Après avoir constitué
un vaste empire, Hammourabi cherche à le consolider et lui donner
une unité administrative, c’est à ce moment qu’il établit son fameux
code de lois composé de 282 articles dont l’original est gravé dans
une pierre de diorite. Les conquêtes d’Hammourabi s’arrêtent néanmoins
au puissant royaume d’Alep qui
semble l'avoir toujours soutenu et avec lequel il a toujours eu de
très bons rapports. Mais l' empire construit par Hammourabi, malgré une
profonde réorganisation administrative, se réduit dès sa succession.
Pendant ce temps Hattousili Ier roi de Koussara (1640-1610) achève
l'union hittite (Anatolie centrale, cf. carte). Les Hittite sont des peuples indo-européens,
dont l’existence en Anatolie est attestée depuis plus longtemps. Dans
l’empire Hittite beaucoup de langues sémitiques se mêlent au hittite
lui-même dont une écrire archaïque hiéroglyphique monumentale existe
bien que ce soient surtout les symboles cunéiformes qui sont ensuite
utilisés pour le transcrire pratiquement ; parmi ces langues, étaient
parlés de manière importante notamment le Hourrite de leur voisin Mitannien
et l’Akkado-babylonien, langue diplomatique. En 1595 les restes de
l'empire Babylonien ne soutiennent plus sa brillante capitale et le roi
Hittite Moursili 1er , dont l'empire couvre toute l'Anatolie et s'étend
jusqu'au nord la Syrie avec la prise d’Alep, effectue un raid jusqu'à Babylone qu'il pille et incendie
(cf. carte) .
1595-1200 B.C. Les Hittites qui
furent poussés jusqu’à Babylone
par la renommée de sa richesse, ne purent conserver une conquête
aussi lointaine et abandonnèrent la ville ruinée, de plus les hittites
n'ayant pas de règles de succession claires, après la mort de Moursili
l'empire hittite se divise et connaît plus d'un siècle de déclin
et de morcellement. Après le sac Hittite de Babylone les kassites, peuple
sémite d'Iran apparu en Mésopotamie vers 1800 av. JC, prennent pied
dans la ville, ils perpétuent la tradition babylonienne et la langue
reste le babylonien, ils restaurent la ville, ses monuments ses sanctuaires
religieux et y introduisent l'usage du cheval. Cependant il faudra
plus d'un siècle à Babylone
pour retrouver son rayonnement culturel, diplomatique et commercial...Au
XVIème siècle, les Hourrites, peuple à part, affluent massivement
dans le nord de la Mésopotamie et achèvent leur unité au XVème siècle
en fondant le grand royaume du Mitanni qui va de la méditerranée au
mont Zagros (cf. carte). Ils perfectionnent
et rendent courant l'usage du char dans la guerre. Mais en 1360 Toudhaliga
(1371-1345), qui est parvenu à rétablir une unité hittite mise
à mal depuis plus de deux siècles, vainc Arzawa, ruine le Mitanni Hourrite
et rétablit ainsi un vaste empire hittite. De 1360 jusqu'à la fin du
XIIIème siècle l’empire Hittite est au faîte de sa puissance (cf. carte), en
1295 la domination des hittites couvre toute l'Anatolie et s'exerce jusqu'au
Levant et à la Syrie qu’ils se disputent beaucoup avec les égyptiens (célèbre
bataille de Qadesh entre Ramsès
II et Mouwatalli en 1275 et célèbre traité de paix 1258 qui cèlera
une entente définitive) , mais au milieu XIVème siècle a commencé à
émerger un autre puissant royaume, celui d’Assour (haute Mésopotamie),
d’abord sous domination du Mitanni, à partir de la fin du XIVème siècle,
il en récupère les morceaux que les Hittites, trop occupés avec les
égyptiens avant qu’ils ne signent la paix de 1258, doivent petit à petit
lui laisser, Assour devient
dés lors une véritable puissance, marquant le début de la première apogée
assyrienne.
A partir du milieu XVème siècle la cité portuaire d’Ougarit prend également une
grande importance (cf.
carte) , d’abord dominée par le Mitanni, avant que
celui-ci s’effondre, elle passe sous influence égyptienne un bref
instant puis entre définitivement dans la mouvance hittite sous laquelle
elle prospère, devenant un grand carrefour culturel et économique.
Des fouilles de la ville, de son palais royale et de leurs archives ont
exhumé 5 000 tablettes qui attestent de la prospérité et de l’importance
de la ville jusqu’en 1200 ; principalement trois langues s’y mélangent,
l’akkado-babylonien langue internationale et diplomatique, le hittites
et le l’ougaritique, langue locale, mal connue, certainement avec un fond
culturel cananéen, transcrite par un alphabet qui est le plus ancien alphabet
connu pour lequel on ait de véritable texte.
Quant à la ville de Babylone de cette époque, après la restauration
des kassites perpétuant sa tradition, elle semble dominer la
basse Mésopotamie, les autres anciennes cités sumériennes voisines
périclitant, bien que les sources politiques de cette période soient
peu nombreuses, Babylone,
deux siècles après le pillage hittite, semble avoir retrouvé une forte
renommée, même si elle n’est pas la capitale des kassites, sa primauté
surtout religieuse, et par conséquent culturelle, mais aussi économique
reste indéniable. Par ailleurs c’est sous les kassites que la production
littéraire est la plus abondante et la plus accomplie, les grandes
œuvres, ou du moins leur véritable diffusion, comme " L’épopée de
Gilgamesh ", " l’épopée de la création " ou le poême du " juste souffrant
" sont d’époque kassite, ceux-ci semblent avoir donné a la Babylonie
une relativement grande stabilité et une prospérité certaine. L’Elam
comme Babylone connaît aussi
période d’oubli, jusqu’au début tout début du XIVème siècle, des
traités et des relations diplomatiques plutôt bonnes avec la Babylonie
kassite attestent alors d’une stabilité et d’une cohésion retrouvée…
1200-1115 B.C. 1200 marque un vrai
tournant dans l’histoire du proche orient antique, en effet c’est
le début de la fulgurante et dévastatrice déferlante des " peuples
de la mer ". L’origine de ces peuples est mal connu, ils auraient
pu fuir la famine de leur pays par la mer, leur artisanat prouve
un contact plus prolongé avec la civilisation mycénienne. Leur passage
provoque la disparition de cette dernière, l’effondrement définitif
de l’empire hittite, qui devait certainement aussi faire face à des
problèmes de succession et le chamboulement entier du Levant d’où
toute influence égyptienne disparaît, la ville d’Ougarit disparaît nette, les
s’archives s’arrêtent brutalement notamment par une correspondance
entre le roi la ville et celui de chypre qui le prévient d’une invasion
des " peuples de la mer " et qui lui conseille de fortifier sa ville
au plus vite. Pour Assour la
disparition des hittites lui permet de se hisser au rang de grande
puissance en achevant d’occuper le nord de la Mésopotamie sur les restes
du Mitanni et la de Syrie. Le chaos provoqué par l’arrivée des " peuples
de la mer " au Levant, est propice à l’avènement de nouvelles cités,
surtout les cités phéniciennes et notamment Tyr qui commence doucement à émerger à cette période
. Pour l’Elam, loin de ces désordres, le XIII e XII e siècle est une
période faste, dont le point culminant est en 1153 avec la conquête
de Babylone qui est dépouillée
de tous ses trésors et de son élite kassite déportée ; Suse met ainsi fin à quatre siècles
de dynasties kassites en Babylonie, elle est alors au faîte de
sa renommée et regorge de richesses tant matérielles et artistiques
qu’intellectuelles. Bien que très influencée par Babylone la culture Elamite
est à part entière avec sa propre langue et son écriture, aussi en
Babylonie les Elamites sont perçus comme des étrangers et en 1115 la
royauté à Babylone passe à
des sémites d’Isin grâce à Nabuchodonosor
1er qui chasse les Elamites de la ville et pousse ses
victoires jusqu'à Suse qu’il
pille et d’où il ramène les trésors volés.
1115-884 B.C. Après le pillage de leurs
états les Elamites connaîtront presque quatre siècles d’obscurité.
Pour Babylone le X e siècle
est une période de renouveau à tous les niveaux, la ville confirme
véritablement, à travers toute la Mésopotamie, le rayonnement culturel
et politique qu’elle avait récupéré en partie sous les Kassites,
elle conservera cet ascendant jusqu'à la fin du IX e siècle. La langue
diplomatique est le Babylonien et l’Assyrie bien que plus forte militairement
admira toujours et s’efforcera d’assimiler la culture babylonienne
même si de nombreuses guerres les opposent. A cette période suite à
des troubles internes, à l’affirmation de Babylone et d’un puissant
royaume araméen à Damas, Teglath-Phalasar
1er (1115-1077) sauve l’Assyrie de l’effondrement
et pousse ses frontières jusqu’en Phénicie, en évitant toutefois
Damas, il lutte dans la deuxième
moitié de son règne deux fois contre Babylone, mais son vaste empire s’effrite à sa
succession. A Partir du X e siècle les incursions araméennes submergent
les royaumes rivaux Assyrien et Babylonien, Babylone décide plutôt de les intégrer en leur
cédant des terres alors que les Assyriens choisiront de leur faire
une guerre continuelle...Le Xème siècle est le début de la longue
et puissante influence de la célèbre ville phénicienne de Tyr ainsi
que de ces deux sœurs Byblos
et Sidon. La tradition phénicienne
fait de Abibaal (970-936) le fondateur de Tyr, c’est certain lui qui donne à la ville ses deux
ports et ses grandes fortifications qui feront d’elle une cité imprenable
(du moins juqu’à Alexandre). La cité devient extrêmement riche fondant
des comptoirs dans toute la méditerranée parmi lesquels Carthage,
résistant à tous les assauts, assyriens, babyloniens, perses, parfois
au prix de fort tribut.
884-612 B.C. C’est en 934 que commence
la véritable contre offensive assyrienne envers les araméens,
avec une série de campagnes, qui se termineront en 808 par l’annexion
du dernier état araméen de Damas.
Pour l’Assyrie c’est une longue période d’extension et de guerres
continuelles qui les mènera de la Méditerranée jusqu’en Elam
et du sud de l’Anatolie jusqu’en Egypte en passant par la Babylonie.
Assurnazirpal (884-860), qui fonda sa capital à Kalhu, ouvre la période dite
néo-assyrienne, il pousse les frontières jusqu’en Méditerranée et
reçoit tribut de Tyr et Byblos (qui achètent ainsi
leur indépendance), en évitant le royaume de Damas, mais dés 858 les assyriens entament des campagnes
régulières contre la Syrie pour la maintenir sous leur domination.
En 813-812 les assyriens infligent de sévères défaites aux Babyloniens
qui ne s’en relèveront pas, Babylone perd sa prédominance culturelle et politique
face à la capitale assyrienne, d’autant plus que la langue araméenne
qui possède un alphabet syllabaire pénètre la Babylonie, les élamites
prennent alors pied dans la région marquant ainsi le début d’une
renaissance élamite à Suse,
plus nette au VII e siècle, qui durera jusqu'à sa destruction en 646.
A Partir de 812 c’est l’anarchie à Babylone, les chaldéens, tribu peut-être d’origine
araméenne qui fait son apparition dans la région vers 850, donnent
des rois à la ville dés 769. De 721 à 710 Merodach-baladan II allié
aux élamites règne sur Babylone,
mais celui-ci est perçu par la population comme un étranger et lorsque
l’empereur Assyrien Sargon II le bat en 710, il est accueilli en libérateur
dans la cité, où il se donne le titre de roi de Babylone afin de ménager les
susceptibilités locales. Téglath-Phalasar III (744-727) et Sargon II (721-705)
furent célèbres pour leur réorganisation administrative complète de l’empire
(cf. carte)
lui donnant une véritable unité et par leurs nombreuses victoires
militaires qui confirment la domination assyrienne sur la Phénicie
qui paye tribut, la Syrie araméenne annexée, le sud de l’Anatolie
et le royaume de Jérusalem.
Sargon fonde sa capitale à Khorsabad, après sa mort en 705 Merodach-Baladan
II revient à Babylone, mais
il en est très vite chassé par Sennacherid fils et successeur de
Sargon à la tête de l’empire Assyrien. Celui-ci place un proche
élevé à sa cour, Bel Ibni, à la direction de Babylone, avec le titre de vice roi, mais
il se révolte avec l’aide de Merodach toujours allié aux élamites.
Finalement ils sont vaincus par L’empereur Sennachérid en 689, qui
décide devant l’impossibilité à soumettre Babylone de raser la ville, parachevant ainsi
ses raids contre les Kassites et le " génocide " des araméens. Il
désigne son fils cadet Assarhadon pour lui succéder ce qui lui vaut
d’être tristement assassiné par son fils aîné. Assarhadon doit d’abord
lutter contre ses frères durant les premières années de son règne,
soutenu par sa mère Zakutu il finit par être maître de l’empire en
681, celle-ci, pour expier les fautes de feu l’empereur son mari, grâce
à l’appui de son fils, fait reconstruire entièrement Babylone qu’elle affectionnait
beaucoup, ce qui lui vaut l’admiration des babyloniens. La reine
Zakutu est à l’origine du mythe de Sémiramis, transmis par les perses
puis grecs. La ville retrouve toute sa splendeur. Assarhadon étend encore
les frontières de l’empire jusqu’en haute Egypte (cf. carte) où
il meurt en campagne ; son fils Assurbanipal, (669-626) poursuit ses
campagnes en Egypte, conquiert également Suse qui est pillée, et annexe
ainsi l’Elam à l’empire, c’est la fin définitive des états élamites ;
il fonde sa capitale Ninive. L’empire
assyrien est alors plus vaste et plus puissant qu’il ne l’a jamais été,
pourtant après la mort de Assurbanipal (626), il va pourtant totalement
disparaître en quelques années, épuisé par d’incessantes guerres d’extension
et de maintient de son intégrité. C’est à cette date que les tribus
chaldéennes, contrôlant déjà bien le sud de la Babylonie, s’installe
à Babylone, perpétuant la culture
traditionnelle, langue, littérature, sciences, mythes , religion etc...
612-539 B.C. L’empire Assyrien disputé
par les fils d’Assurbanipal, disparaît complètement après la chute
de Ninive prise par les armées
coalisées des Mèdes et des Babyloniens (612). Nabuchodonosor II étend
alors la domination de Babylone
sur toute la Mésopotamie jusqu'à la Méditerranée en passant par Jérusalem (cf. carte) d’où il déporte les
juifs jusque dans Babylone,
il fonde ainsi l’empire néo-babylonien et la dynastie chaldéenne
qui perpétue la tradition de la ville antique. La culture babylonienne
connaît alors un dernier et remarquable rayonnement, bien qu’elle ne
concerne qu’une élite, puisque l’araméen est la langue la plus largement
parlée par la population, elle fait la renommée de la ville jusque dans
le monde gréco-romain pour ses richesses, ses monuments (Les jardins
suspendus de Babylone, la porte
d’Ishtar, la tour de Babel...), sa littérature, ses sciences notamment
les mathématiques et l’astronomie ; grands compilateurs et remarquables
pragmatiques, les savants babyloniens, bien qu’étrangers à toute rationalité
moderne, consignent tout et ce depuis des siècles, leurs savoirs aux fondements
religieux et magiques avaient atteint un grand niveaux d’exactitude. La
ville n’a jamais été plus grande et plus rayonnante que sous les Chaldéens,
c’est cette Babylone qu’ évoque
la bible. C’est peu après cette période que le grecque Hérodote visite
la ville et la découvre très probablement telle qu’elle était à ce moment.
Il est frappé par la splendeur de l’immense cité fermé, selon son enquête
elle était fortifiée d’une enceinte de 17 km avec 9 portes formé d’un
double mur en briques cuites et crues de 20 mètres de haut et presque
autant de large.
539-330 B.C. Sans véritable politique
militaire c’est sans trop de difficultés que Cyrus, fondateur
de la dynastie perse des Achéménides, conquiert Babylone après avoir achevé
l’unité des perses et des mèdes. Les conquêtes perses iront
jusqu’en Grèce (cf. guerres médiques) et leur empire est gigantesque
(cf. carte)
... Les empereurs perses prennent le titre de roi de Babylone qui devient leur résidence
d’hivers, la ville est conservé un temps (par Cyrus 550-529, Cambyse
II 529-522 et Darius 1er 522-486), cependant des révoltes
éclatent parfois contre l’étranger, suite auxquelles Xerxes 1er
(486-465) décide de raser la ville, mais elle est restaurée. L’empire
perse se trouve complètement conquis en 330 par l’épopée du macédonien
Alexandre le grand, Babylone
lui ouvre d’ailleurs ses portes et aucune bataille n’a lieu. Mais
Alexandre meurt de maladie à Babylone dont il voulait faire la capitale de
son incroyable empire qui allait de la Grèce a l’Indus et jusqu’en
Egypte. Apres la mort d’Alexandre l’empire est divisé entre ses
généraux, Séleucos hérite de la Mésopotamie et Ptolémée de l’Egypte,
chacun fondant leur dynastie. Séleucos fonde une nouvelle capitale
non loin de Babylone sur
le Tigre. Celle-ci connaît un remarquable essor, détournant les caravanes
de commerce au dépends de Babylone
qui se dépeuple. Elle devient la véritable capitale politique économique
et culturelle d’une Mésopotamie hellénisée. En 27 après J.C. le grec
Strabon déclare la ville déserte, il ne restait plus rien de la brillante
Babylone dont la culture,
basée sur une langue, le Babylonien écrite en cunéiforme, et une
religion avec les cultes d’Ishtar et de Mardouk, fut à chaque fois
perpétuée par ceux qui la conquirent, transcendant ainsi par sa richesse
les différentes invasions et destructions pendant presque deux milles
ans.
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