Chronologie de l'histoire de la Mésopotamie


4500-3700 av.JC Début du développement urbain dans les régions sumériennes (basse Mésopotamie). C'est la période Ubaïde qui marque pour la première fois une certaine unité culturelle dans toute la Mésopotamie (même si il existe des différences notables entre le nord et le sud) caractérisée par un regroupement en villages ou petites villes faites de maisons en briques crues bien construites, par une céramique plutôt plus grossière que celle de certaines époques plus anciennes, mais plus rependue et plus pratique, apparitions de anses, décorations plus pauvres... La plupart des grandes cités sumériennes comme Ur, Nippur ou Uruk (cf. carte), ont pour origine des villes de cette époque dont l'organisation économique et administrative semble se faire autour des temples, édifices les plus grands et construits avec le plus de soins et dont la forme architecturale et les décorations, comme les longs saillants verticaux extérieurs captant la lumière, sont déjà caractéristiques des temples sumériens. D'un point de vue anthropologique, la haute Mésopotamie est moins ubaïdienne, la pierre, moins rare que dans le sud, est plus utilisée, le sceaux cachet est d'usage plus fréquent. L'élevage et l'agriculture sont bien maîtrisés, mais l'irrigation ( dés 4000) par petits canaux est surtout propre au sud plus fertile, céréales et peaux s'échangent ainsi contre pierre et bois entre le nord et le sud. L'influence Ubaïde s'étend jusqu' à la cote syrienne où l'on retrouve largement leurs poteries typiques, tout indique un commerce florissant dans toute la région qui va même jusque dans la vallée de l’Indus.

3700-2900 B.C. La période d'Uruk suit la précédente dans la continuité, il n'y a aucune fracture ou événement majeur qui les sépare, c'est une époque d'urbanisation qui voit naître une civilisation grâce à une très forte croissance démographique, une immigration importante vers la basse Mésopotamie et une sédentarisation, grâce à de nombreux progrès techniques comme l'invention de l'araire ou du chariot à quatre roues pour transporter le grain et grâce à une organisation collective de plus en plus élaborée permettant de grands travaux comme la creusée de larges canaux d'irrigation. De très grandes villes, sans doute peuplées de 10 000 à 50 000 habitants, comme Ur ou Lagash se constituent et Uruk en est la première est la plus vaste représentante ; véritable agglomération entourée d'une grande muraille de 10 km, les taches des habitants y sont divisées, des élites se forment et tout indique que Uruk est le centre économique, culturel et politique de toute la Mésopotamie. De plus cette période voit apparaître l'age de bronze marquant le début de l'ère industrielle, et aussi et surtout pour la première fois dans le monde, l'écriture dite cunéiforme, vers 3300. D’abord simple aide mémoire pour le commerce et la comptabilité, elle devient en moins d’un siècle un véritable système de transcription de la parole.

2900-2500 B.C. Période des dynasties archaïques marquées par l'avènement des cités états sumériennes (base Mésopotamie) dont les plus importantes sont Ur, Uruk, Umma, Nippur ville sacrée, Lagash, Isin, Girsu, Eridu la plus ancienne cité pour les sumériens et aussi des cités sémites (haute Mésopotamie) comme Kish, Mari ou Ebla (cf. carte); l'urbanisation est alors à son apogée. Toutes ces villes s'organisent politiquement et administrativement autour du temple d'un dieu plus particulièrement vénéré par la cité, mais aussi souvent autour d'un palais siège d'un pouvoir royal ou princier plus ou moins lié au pouvoir spirituel et religieux. Tous les dieux sumériens sont membre d'un même panthéon, ils sont souvent assimilés aux dieux sémites et tous s'inscrivent plus ou moins dans une même mythologie. Des rois ou des rois-prêtres gouvernent ces cités-états, il n'y a pas de forcément de distinction entre le pouvoir politique et religieux, surtout dans les ville sumériennes, le roi gouverne au nom du dieu local, il a été choisi par lui et agit pour le servire et faire prospérer sa ville, mais à Kish par exemple qui a une culture plus propre sumérienne sémite mixte, un pouvoir administratif royale indépendant du pouvoir religieux semble se mettre en place de manière assez précoce et serait précurseur de l'organisation impériale d'Akkad. Durant cette période les traces écrites de la langue sumérienne restent rares aucun écrit officiel n'apparaît avant 2700 et sont très peu nombreux jusqu'en 2500, seules des tablettes administratives d'époque d'intérêt limité et des textes postérieurs légendés témoignent laissant de grandes zones d'ombres, cependant l'écriture cunéiforme contribue au développement et à l'influence de la culture sumérienne jusqu'en Anatolie et en Syrie ; par exemple des cités comme Mari ou Ebla (Syrie orientale), ou l'on parle le sémitique oriental, langue différente du sumérien parlé en basse Mésopotamie, se développent et le cunéiforme y apparaît vers 2600 pour transcrire le sémitique. Les sémites surtout présents dans le nord sont très peu différents des sumériens et très liés à eux, leur culture, leur mode de vie, leurs dieux sont quasiment les mêmes que ceux des sumériens avec lesquels ils se mélangent sans aucun problème, seul leur langue est différente. Mari et Ebla sont des cités états sémites indépendantes comme les villes sumériennes, même si celles-ci sont liées entre elles par la même culture et notamment le culte du dieu Enlil dont la ville sainte est Nippur. Apparemment Mari domine un temps Ebla qui lui paye tribut vers 2500, à cette époque Ebla n’est certainement qu’une ville moyenne parmi d’autres, vraisemblablement plusieurs conflits les opposent avec aussi des phases d'entente manifeste. Jusqu'en 2400 tous ces royaumes, sumériens ou sémites connaissent une phase d'exaltation pendant laquelle les personnages royaux cherchent l'amplification de leur personne, les conflits territoriaux sont très fréquents, entre 2800 et 2600 le pays de Sumer semble d'abord être dominé par le royaume de Kish riche d'une double culture sumérienne et sémite et peut-être plus organsé politiquement, puis la ville d'Uruk dominerait Kish, contrôlant les voies commerciales entre les pays d'Akkad et de Sumer et semblerait s'imposer sur le pays devenant un centre religieux pour tout le pays Sumer, mais cette préhéminence est probablement éphémère. Les cités sont en perpétuel conflit. A partir de 2600 l'écriture cunéiforme qui ne servait qu'à traduire le sumérien apparaît à Mari pour transcrire le sémitique orientale ce qui marque pour le pays d'Akkad peuplé de sémites, le début de sa domination. C’est à cette époque que se développe la civilisation de l’Elam, dans l’Ouest de l’Iran ; comme les sumériens on ne peut rattacher les Elamites à un groupe ethnique, ils ne sont n’y des sémitiques ni des indo-européen, ils semblent appartenir aux lieux où ils ont toujours habité (la basse Mésopotamie pour les sumériens, les régions des montagnes du Zagros pour les élamites), ils ont leur culture originale et leur langue propre. Les élamites développent de manière assez précoce leur propre système archaïque d’écriture, mais au contact des sumériens ils adoptent vite le cunéiforme pour retranscrire leur langue. Avec Anshan et Awan, l’une des capitales de l’Elam est Suse qui apparaît dans les textes à partir de 2600, au IVe millénaire son développement est en tout point identique à celui d'Uruk, mais au cours du IIIe millénaire elle devient un centre de culture élamite enrichie de culture sumérienne.

2500-2316 B.C. Les camps se radicalisent un peu entre Akkadiennes et Sumériens malgré de persistantes rivalités entre de grandes villes sumériennes, notamment Lagash et Umma. Lagal-Zaggizi, roi de Lagash finit par unifier le pays Sumer, son règne dura 25 ans, mais il sera vaincu par Sargon… Les XXVème et XXIVème siècles sont aussi une période d'apogée culturel et économique pour la cité état de Mari à la culture mixte sémitique et sumérienne. Ebla connaît aussi une époque de grande influence entre le XXIVème et XXIIIème siècle et domine nombre de villes du couloir Syrien, notamment Alashiya et surtout Mari dont le gouverneur, à partir de 2300 environ, est nommé à Ebla, la ville devient également culturellement très prolifique, sa zone d’influence direct couvre toute la Syrie, on parle de civilisation éblaïte avec une langue et une culture sémitique propres. Les archives du palais royal d’Ebla de cette époque ont été retrouvées, soit 20000 tablettes d’argile qui renseignent essentiellement cette période faste pour la ville de 2400 à 2250.

2316-2190 B.C. Ebla est donc une cité de très grande importance après ses victoires contre Mari et contre Sargon roi d'Akkad qu'elle tiendra un temps en échec. Mais la cité finira par se soumettre, cédant à la grande ascension des Akkadiens, dont les conquêtes, au milieu du XXIIIème siècle, vont d’abord jusqu’à Mari puis Ebla finalement prise et pillée entre 2250-2230 par le petit-fils et successeur de Sargon, Naram-Sin (2254-2218) ; toute la Mésopotamie de Suse en Elam jusqu’au Levant se trouve alors soumise à Akkad. En installant dans les villes conquises ses garnisons, son administration, son clergé, Sargon fonde alors le premier véritable empire (cf. carte); l'akkadien, langue sémitique, en devient la langue officielle, Akkad est alors la ville la plus riche et la plus prospère de Mésopotamie en même temps que la plaque tournante d'un commerce international . Les successeurs de Sargon maintiennent cet empire pendant plus d'un siècle.

2190-2111 B.C. L'empire akkadien s'effondre (2160) sous les pressions des peuples montagnards du Zagros (les Guti). Les villes sumériennes s'émancipent alors et connaissent une certaine renaissance, même si la culture et la langue sumériennes ont toujours été présentes dans l'empire d'Akkad et l'ont beaucoup influencé. De même les villes Mari et Ebla récupèrent leur indépendance, même si elles ont perdu leur importance. C’est vers cette époque également qu’une dynastie Guti, adoptant la tradition sumérienne, s’installe à Lagash et dont le roi Gudéa (2120) redonne à la ville, par ses grandes réformes et ses conquêtes notamment sur Larsa, une importance et un renouveau remarquable.

2111-2003 B.C. La Troisième dynastie d'Ur reconstitue un empire presque aussi vaste et prospère que celui d'Akkad (cf. carte), dont la langue officielle est le sumérien, même si l’akkadien reste incontournable. Mais, un siècle plus tard, en 2003 cet empire s'effondre à son tour sous les pressions de son puissant voisin de l’Est l’empire d’Elam dont la capitale est Suse (Iran) et sous les assauts amorrites, populations sémitiques nomades originaires de Syrie qui vont à partir de cette époque se répandre et s’installer dans toute la Mésopotamie. Ebla, soumise à ce moment à la domination d'Ur, redevient alors vers 2000, la capitale d'un relativement puissant royaume amoritte qui durera jusqu'au XVIIIème siècle, mais au domaine restreint ; quant à Mari sous l’empire d’Ur, elle avait conservé plus ou moins son importance et son indépendance grâce à des gouverneurs locaux.

2003-1793 B.C. La Mésopotamie est de nouveau morcelée en petits états dont beaucoup de rois sont Amorrites - la royauté à Mari passe à des amorrites à partir de la fin du XIXème siècle - bien que ceux-ci, sans être véritablement sédentarisés, aient leur propre culture, leurs langues n'ont jamais été écrites, ils adoptent alors la tradition suméro-akkadienne et les dialectes amorrites disparaissent vite. Sous les amorrites Mari retrouve une assez grande prospérité, même si dans la région les villes d’Alep et Qatna sont maintenant plus importantes (cf. carte). Les archives royales du grand palais de Mari (bâtiment du début du IIème millénaire de 2,5 hectares et de 300 pièces édifié sur les ruines du palais du IIIème millénaire) qui ont été mises à jours, éclairent surtout cette période de 1810 à 1760 avec presque 20 000 tablettes. C'est au début de cette époque que commence véritablement à émerger la ville de Babylone, qui n'était avant qu'une ville secondaire, elle est la capitale d'un petit royaume dés la fin du XIX e siècle, un amorrite en devient roi après la chute d'Ur, la langue locale devient le babylonien variante de l'akkadien. Les 5 premiers rois de cette 1ère dynastie babylonienne doivent lutter contre les royaumes voisins, leurs conquêtes sont au début modestes.

1793-1595 B.C. C'est à partir de 1793 que Babylone, très prospère, remporte la partie, date à laquelle son grand roi Hammourabi monte sur le trone. Ses prédécesseurs avaient déjà intégré Kish au royaume et d'autres petits états voisins, donnant à Babylone une véritable importance. Par une politique diplomatique et militaire intelligente Hammurabi finira par écraser ses puissants concurrents, il reconnaît d'abord la souveraineté de son très dangereux et puissant voisin l’empereur d’Elam qui s’est emparé d'Eshnunna, une des villes rivales au nord de Balylone essentielle pour le contrôle des voies du Tibre, le temps de former en 1763 une coalition avec Mari qui triomphe de l’Elam et lui reprend Eshnanna. Le soutien de Mari permet à Hammurabi de vaincre et d'annexer le grand royaume de Larsa qui controlait tout le coeur du pays sumérien. Babylone devient dès lors très puissante, elle prend Assour, se retourne contre son ancien alliée Mari saccagée et étend son influence sur toute la Mésopotamie, jusqu'à Ebla détruite (cf. carte); c'est le dernier coup fatal pour ces deux villes qui ne retrouveront plus jamais leur importance passée. S’ouvre alors une période de grande prospérité et de grand rayonnement pour Babylone. Après avoir constitué un vaste empire, Hammourabi cherche à le consolider et lui donner une unité administrative, c’est à ce moment qu’il établit son fameux code de lois composé de 282 articles dont l’original est gravé dans une pierre de diorite. Les conquêtes d’Hammourabi s’arrêtent néanmoins au puissant royaume d’Alep qui semble l'avoir toujours soutenu et avec lequel il a toujours eu de très bons rapports. Mais l' empire construit par Hammourabi, malgré une profonde réorganisation administrative, se réduit dès sa succession. Pendant ce temps Hattousili Ier roi de Koussara (1640-1610) achève l'union hittite (Anatolie centrale, cf. carte). Les Hittite sont des peuples indo-européens, dont l’existence en Anatolie est attestée depuis plus longtemps. Dans l’empire Hittite beaucoup de langues sémitiques se mêlent au hittite lui-même dont une écrire archaïque hiéroglyphique monumentale existe bien que ce soient surtout les symboles cunéiformes qui sont ensuite utilisés pour le transcrire pratiquement ; parmi ces langues, étaient parlés de manière importante notamment le Hourrite de leur voisin Mitannien et l’Akkado-babylonien, langue diplomatique. En 1595 les restes de l'empire Babylonien ne soutiennent plus sa brillante capitale et le roi Hittite Moursili 1er , dont l'empire couvre toute l'Anatolie et s'étend jusqu'au nord la Syrie avec la prise d’Alep, effectue un raid jusqu'à Babylone qu'il pille et incendie (cf. carte) .

1595-1200 B.C. Les Hittites qui furent poussés jusqu’à Babylone par la renommée de sa richesse, ne purent conserver une conquête aussi lointaine et abandonnèrent la ville ruinée, de plus les hittites n'ayant pas de règles de succession claires, après la mort de Moursili l'empire hittite se divise et connaît plus d'un siècle de déclin et de morcellement. Après le sac Hittite de Babylone les kassites, peuple sémite d'Iran apparu en Mésopotamie vers 1800 av. JC, prennent pied dans la ville, ils perpétuent la tradition babylonienne et la langue reste le babylonien, ils restaurent la ville, ses monuments ses sanctuaires religieux et y introduisent l'usage du cheval. Cependant il faudra plus d'un siècle à Babylone pour retrouver son rayonnement culturel, diplomatique et commercial...Au XVIème siècle, les Hourrites, peuple à part, affluent massivement dans le nord de la Mésopotamie et achèvent leur unité au XVème siècle en fondant le grand royaume du Mitanni qui va de la méditerranée au mont Zagros (cf. carte). Ils perfectionnent et rendent courant l'usage du char dans la guerre. Mais en 1360 Toudhaliga (1371-1345), qui est parvenu à rétablir une unité hittite mise à mal depuis plus de deux siècles, vainc Arzawa, ruine le Mitanni Hourrite et rétablit ainsi un vaste empire hittite. De 1360 jusqu'à la fin du XIIIème siècle l’empire Hittite est au faîte de sa puissance (cf. carte), en 1295 la domination des hittites couvre toute l'Anatolie et s'exerce jusqu'au Levant et à la Syrie qu’ils se disputent beaucoup avec les égyptiens (célèbre bataille de Qadesh entre Ramsès II et Mouwatalli en 1275 et célèbre traité de paix 1258 qui cèlera une entente définitive) , mais au milieu XIVème siècle a commencé à émerger un autre puissant royaume, celui d’Assour (haute Mésopotamie), d’abord sous domination du Mitanni, à partir de la fin du XIVème siècle, il en récupère les morceaux que les Hittites, trop occupés avec les égyptiens avant qu’ils ne signent la paix de 1258, doivent petit à petit lui laisser, Assour devient dés lors une véritable puissance, marquant le début de la première apogée assyrienne.
A partir du milieu XVème siècle la cité portuaire d’Ougarit prend également une grande importance (cf. carte) , d’abord dominée par le Mitanni, avant que celui-ci s’effondre, elle passe sous influence égyptienne un bref instant puis entre définitivement dans la mouvance hittite sous laquelle elle prospère, devenant un grand carrefour culturel et économique. Des fouilles de la ville, de son palais royale et de leurs archives ont exhumé 5 000 tablettes qui attestent de la prospérité et de l’importance de la ville jusqu’en 1200 ; principalement trois langues s’y mélangent, l’akkado-babylonien langue internationale et diplomatique, le hittites et le l’ougaritique, langue locale, mal connue, certainement avec un fond culturel cananéen, transcrite par un alphabet qui est le plus ancien alphabet connu pour lequel on ait de véritable texte.
Quant à la ville de Babylone de cette époque, après la restauration des kassites perpétuant sa tradition, elle semble dominer la basse Mésopotamie, les autres anciennes cités sumériennes voisines périclitant, bien que les sources politiques de cette période soient peu nombreuses, Babylone, deux siècles après le pillage hittite, semble avoir retrouvé une forte renommée, même si elle n’est pas la capitale des kassites, sa primauté surtout religieuse, et par conséquent culturelle, mais aussi économique reste indéniable. Par ailleurs c’est sous les kassites que la production littéraire est la plus abondante et la plus accomplie, les grandes œuvres, ou du moins leur véritable diffusion, comme " L’épopée de Gilgamesh ", " l’épopée de la création " ou le poême du " juste souffrant " sont d’époque kassite, ceux-ci semblent avoir donné a la Babylonie une relativement grande stabilité et une prospérité certaine. L’Elam comme Babylone connaît aussi période d’oubli, jusqu’au début tout début du XIVème siècle, des traités et des relations diplomatiques plutôt bonnes avec la Babylonie kassite attestent alors d’une stabilité et d’une cohésion retrouvée…

1200-1115 B.C. 1200 marque un vrai tournant dans l’histoire du proche orient antique, en effet c’est le début de la fulgurante et dévastatrice déferlante des " peuples de la mer ". L’origine de ces peuples est mal connu, ils auraient pu fuir la famine de leur pays par la mer, leur artisanat prouve un contact plus prolongé avec la civilisation mycénienne. Leur passage provoque la disparition de cette dernière, l’effondrement définitif de l’empire hittite, qui devait certainement aussi faire face à des problèmes de succession et le chamboulement entier du Levant d’où toute influence égyptienne disparaît, la ville d’Ougarit disparaît nette, les s’archives s’arrêtent brutalement notamment par une correspondance entre le roi la ville et celui de chypre qui le prévient d’une invasion des " peuples de la mer " et qui lui conseille de fortifier sa ville au plus vite. Pour Assour la disparition des hittites lui permet de se hisser au rang de grande puissance en achevant d’occuper le nord de la Mésopotamie sur les restes du Mitanni et la de Syrie. Le chaos provoqué par l’arrivée des " peuples de la mer " au Levant, est propice à l’avènement de nouvelles cités, surtout les cités phéniciennes et notamment Tyr qui commence doucement à émerger à cette période . Pour l’Elam, loin de ces désordres, le XIII e XII e siècle est une période faste, dont le point culminant est en 1153 avec la conquête de Babylone qui est dépouillée de tous ses trésors et de son élite kassite déportée ; Suse met ainsi fin à quatre siècles de dynasties kassites en Babylonie, elle est alors au faîte de sa renommée et regorge de richesses tant matérielles et artistiques qu’intellectuelles. Bien que très influencée par Babylone la culture Elamite est à part entière avec sa propre langue et son écriture, aussi en Babylonie les Elamites sont perçus comme des étrangers et en 1115 la royauté à Babylone passe à des sémites d’Isin grâce à Nabuchodonosor 1er qui chasse les Elamites de la ville et pousse ses victoires jusqu'à Suse qu’il pille et d’où il ramène les trésors volés.

1115-884 B.C. Après le pillage de leurs états les Elamites connaîtront presque quatre siècles d’obscurité. Pour Babylone le X e siècle est une période de renouveau à tous les niveaux, la ville confirme véritablement, à travers toute la Mésopotamie, le rayonnement culturel et politique qu’elle avait récupéré en partie sous les Kassites, elle conservera cet ascendant jusqu'à la fin du IX e siècle. La langue diplomatique est le Babylonien et l’Assyrie bien que plus forte militairement admira toujours et s’efforcera d’assimiler la culture babylonienne même si de nombreuses guerres les opposent. A cette période suite à des troubles internes, à l’affirmation de Babylone et d’un puissant royaume araméen à Damas, Teglath-Phalasar 1er (1115-1077) sauve l’Assyrie de l’effondrement et pousse ses frontières jusqu’en Phénicie, en évitant toutefois Damas, il lutte dans la deuxième moitié de son règne deux fois contre Babylone, mais son vaste empire s’effrite à sa succession. A Partir du X e siècle les incursions araméennes submergent les royaumes rivaux Assyrien et Babylonien, Babylone décide plutôt de les intégrer en leur cédant des terres alors que les Assyriens choisiront de leur faire une guerre continuelle...Le Xème siècle est le début de la longue et puissante influence de la célèbre ville phénicienne de Tyr ainsi que de ces deux sœurs Byblos et Sidon. La tradition phénicienne fait de Abibaal (970-936) le fondateur de Tyr, c’est certain lui qui donne à la ville ses deux ports et ses grandes fortifications qui feront d’elle une cité imprenable (du moins juqu’à Alexandre). La cité devient extrêmement riche fondant des comptoirs dans toute la méditerranée parmi lesquels Carthage, résistant à tous les assauts, assyriens, babyloniens, perses, parfois au prix de fort tribut.

884-612 B.C. C’est en 934 que commence la véritable contre offensive assyrienne envers les araméens, avec une série de campagnes, qui se termineront en 808 par l’annexion du dernier état araméen de Damas. Pour l’Assyrie c’est une longue période d’extension et de guerres continuelles qui les mènera de la Méditerranée jusqu’en Elam et du sud de l’Anatolie jusqu’en Egypte en passant par la Babylonie. Assurnazirpal (884-860), qui fonda sa capital à Kalhu, ouvre la période dite néo-assyrienne, il pousse les frontières jusqu’en Méditerranée et reçoit tribut de Tyr et Byblos (qui achètent ainsi leur indépendance), en évitant le royaume de Damas, mais dés 858 les assyriens entament des campagnes régulières contre la Syrie pour la maintenir sous leur domination. En 813-812 les assyriens infligent de sévères défaites aux Babyloniens qui ne s’en relèveront pas, Babylone perd sa prédominance culturelle et politique face à la capitale assyrienne, d’autant plus que la langue araméenne qui possède un alphabet syllabaire pénètre la Babylonie, les élamites prennent alors pied dans la région marquant ainsi le début d’une renaissance élamite à Suse, plus nette au VII e siècle, qui durera jusqu'à sa destruction en 646. A Partir de 812 c’est l’anarchie à Babylone, les chaldéens, tribu peut-être d’origine araméenne qui fait son apparition dans la région vers 850, donnent des rois à la ville dés 769. De 721 à 710 Merodach-baladan II allié aux élamites règne sur Babylone, mais celui-ci est perçu par la population comme un étranger et lorsque l’empereur Assyrien Sargon II le bat en 710, il est accueilli en libérateur dans la cité, où il se donne le titre de roi de Babylone afin de ménager les susceptibilités locales. Téglath-Phalasar III (744-727) et Sargon II (721-705) furent célèbres pour leur réorganisation administrative complète de l’empire (cf. carte) lui donnant une véritable unité et par leurs nombreuses victoires militaires qui confirment la domination assyrienne sur la Phénicie qui paye tribut, la Syrie araméenne annexée, le sud de l’Anatolie et le royaume de Jérusalem. Sargon fonde sa capitale à Khorsabad, après sa mort en 705 Merodach-Baladan II revient à Babylone, mais il en est très vite chassé par Sennacherid fils et successeur de Sargon à la tête de l’empire Assyrien. Celui-ci place un proche élevé à sa cour, Bel Ibni, à la direction de Babylone, avec le titre de vice roi, mais il se révolte avec l’aide de Merodach toujours allié aux élamites. Finalement ils sont vaincus par L’empereur Sennachérid en 689, qui décide devant l’impossibilité à soumettre Babylone de raser la ville, parachevant ainsi ses raids contre les Kassites et le " génocide " des araméens. Il désigne son fils cadet Assarhadon pour lui succéder ce qui lui vaut d’être tristement assassiné par son fils aîné. Assarhadon doit d’abord lutter contre ses frères durant les premières années de son règne, soutenu par sa mère Zakutu il finit par être maître de l’empire en 681, celle-ci, pour expier les fautes de feu l’empereur son mari, grâce à l’appui de son fils, fait reconstruire entièrement Babylone qu’elle affectionnait beaucoup, ce qui lui vaut l’admiration des babyloniens. La reine Zakutu est à l’origine du mythe de Sémiramis, transmis par les perses puis grecs. La ville retrouve toute sa splendeur. Assarhadon étend encore les frontières de l’empire jusqu’en haute Egypte (cf. carte) où il meurt en campagne ; son fils Assurbanipal, (669-626) poursuit ses campagnes en Egypte, conquiert également Suse qui est pillée, et annexe ainsi l’Elam à l’empire, c’est la fin définitive des états élamites ; il fonde sa capitale Ninive. L’empire assyrien est alors plus vaste et plus puissant qu’il ne l’a jamais été, pourtant après la mort de Assurbanipal (626), il va pourtant totalement disparaître en quelques années, épuisé par d’incessantes guerres d’extension et de maintient de son intégrité. C’est à cette date que les tribus chaldéennes, contrôlant déjà bien le sud de la Babylonie, s’installe à Babylone, perpétuant la culture traditionnelle, langue, littérature, sciences, mythes , religion etc...

612-539 B.C. L’empire Assyrien disputé par les fils d’Assurbanipal, disparaît complètement après la chute de Ninive prise par les armées coalisées des Mèdes et des Babyloniens (612). Nabuchodonosor II étend alors la domination de Babylone sur toute la Mésopotamie jusqu'à la Méditerranée en passant par Jérusalem (cf. carte) d’où il déporte les juifs jusque dans Babylone, il fonde ainsi l’empire néo-babylonien et la dynastie chaldéenne qui perpétue la tradition de la ville antique. La culture babylonienne connaît alors un dernier et remarquable rayonnement, bien qu’elle ne concerne qu’une élite, puisque l’araméen est la langue la plus largement parlée par la population, elle fait la renommée de la ville jusque dans le monde gréco-romain pour ses richesses, ses monuments (Les jardins suspendus de Babylone, la porte d’Ishtar, la tour de Babel...), sa littérature, ses sciences notamment les mathématiques et l’astronomie ; grands compilateurs et remarquables pragmatiques, les savants babyloniens, bien qu’étrangers à toute rationalité moderne, consignent tout et ce depuis des siècles, leurs savoirs aux fondements religieux et magiques avaient atteint un grand niveaux d’exactitude. La ville n’a jamais été plus grande et plus rayonnante que sous les Chaldéens, c’est cette Babylone qu’ évoque la bible. C’est peu après cette période que le grecque Hérodote visite la ville et la découvre très probablement telle qu’elle était à ce moment. Il est frappé par la splendeur de l’immense cité fermé, selon son enquête elle était fortifiée d’une enceinte de 17 km avec 9 portes formé d’un double mur en briques cuites et crues de 20 mètres de haut et presque autant de large.

539-330 B.C. Sans véritable politique militaire c’est sans trop de difficultés que Cyrus, fondateur de la dynastie perse des Achéménides, conquiert Babylone après avoir achevé l’unité des perses et des mèdes. Les conquêtes perses iront jusqu’en Grèce (cf. guerres médiques) et leur empire est gigantesque (cf. carte) ... Les empereurs perses prennent le titre de roi de Babylone qui devient leur résidence d’hivers, la ville est conservé un temps (par Cyrus 550-529, Cambyse II 529-522 et Darius 1er 522-486), cependant des révoltes éclatent parfois contre l’étranger, suite auxquelles Xerxes 1er (486-465) décide de raser la ville, mais elle est restaurée. L’empire perse se trouve complètement conquis en 330 par l’épopée du macédonien Alexandre le grand, Babylone lui ouvre d’ailleurs ses portes et aucune bataille n’a lieu. Mais Alexandre meurt de maladie à Babylone dont il voulait faire la capitale de son incroyable empire qui allait de la Grèce a l’Indus et jusqu’en Egypte. Apres la mort d’Alexandre l’empire est divisé entre ses généraux, Séleucos hérite de la Mésopotamie et Ptolémée de l’Egypte, chacun fondant leur dynastie. Séleucos fonde une nouvelle capitale non loin de Babylone sur le Tigre. Celle-ci connaît un remarquable essor, détournant les caravanes de commerce au dépends de Babylone qui se dépeuple. Elle devient la véritable capitale politique économique et culturelle d’une Mésopotamie hellénisée. En 27 après J.C. le grec Strabon déclare la ville déserte, il ne restait plus rien de la brillante Babylone dont la culture, basée sur une langue, le Babylonien écrite en cunéiforme, et une religion avec les cultes d’Ishtar et de Mardouk, fut à chaque fois perpétuée par ceux qui la conquirent, transcendant ainsi par sa richesse les différentes invasions et destructions pendant presque deux milles ans.


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